Cent-cinquante longs-métrages, trois Oscars, des collaborations en avalanche avec Jacques Demy, Jean-Luc Godard, Joseph Losey, Orson Welles : pendant cinquante ans, Michel Legrand s’est imposé comme un pulvérisateur de frontières, adepte de la musique au pluriel, à la fois transversal et œcuménique.
Son cinéma, ce sont des images iconiques : Catherine Deneuve et Françoise Dorléac en sœurs jumelles, Steve McQueen et Faye Dunaway dans une sensuelle partie d’échecs, Romy Schneider et Alain Delon au bord de La Piscine… C’est un parcours foisonnant, où James Bond tend la main à Xavier Beauvois. Surtout, la musique de film a permis à Michel Legrand d’effectuer la synthèse entre ses différentes cultures, de Bach à Miles Davis, de Stravinski à Gil Evans. « C’est une façon, résumait-il, de faire se télescoper tous les langages, d’avoir toutes les nationalités, d’être de toutes les époques. » Un an près sa disparition, ces trois programmes permettront de mesurer la puissance de feu de son écriture pour l’image, entre ouvrages symphoniques et chansons, entre standards et partitions rares, pour certaines inédites au concert. Ce sera aussi une célébration de l’universalité de sa musique, une manière obstinée de continuer à la conjuguer au présent. Michel Legrand encore ? Non, Michel Legrand toujours.