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Tout sur un doudou tout doux

Publié le mer 26/02/2025 - 09:00
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Photo : Christophe Abramowitz
Photo : Christophe Abramowitz
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La recette pour ces nouveaux ateliers à destination des plus jeunes ? Deux musiciens, une conteuse, des lumières douce et des coussins pour s’installer confortablement. 

Une voix familière, un générique fredonné, la radio rythme la journée, berce le soir et aide parfois à trouver le sommeil. Tout comme leurs aînés, les jeunes auditeurs sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par les programmes éclectiques proposés par France Inter. Ainsi peut-on écouter toutes sortes d’histoires allant de l’Histoire avec un grand H (Les Odyssées), à l’histoire naturelle (Bestioles) en passant par les histoires contées (Une histoire et… Oli, Frissons). Mais derrière ces réalisations sonores et ces voix, se cachent des producteurs, animateurs, musiciens et artisans du son dont l’identité et le métier restent assez énigmatiques. Dévoiler aux tout-petits ces visages cachés, c’est justement l’un des objectifs des Fabuleuses histoires du doudou de France Inter, un atelier adapté du podcast Toudou. « C’est magique de voir les vraies personnes qui fabriquent le podcast ! » partage un garçon enthousiaste en sortant de l’atelier. 

À la proue de ce navire de soixante épisodes (dont quinze encore inédits), déjà salué par plus de neuf millions de téléchargements, la productrice et conteuse Zoé Varier ne masque pas son enthousiasme : « J’adore les histoires pour enfants et j’ai été très heureuse de pouvoir répondre à cette proposition de la chaîne parce qu’il y a très peu de créations audio pour les tout-petits, notamment avec du bruitage. » Avec Flora Bernard et Josepha Lebrun, les réalisatrices, elles se sont plongées passionnément dans la littérature de jeunesse, redécouvrant certaines œuvres comme celles de Hayao Miyazaki. Elles ont aussi consulté une neuropsychologue pour se familiariser avec cette tranche d’âge allant de 2 à 6 ans. « Le point qui me paraît essentiel, explique Zoé Varier qui pratique la radio depuis trente ans, c’est l’éducation de l’oreille. Non seulement il est important de raconter des histoires aux enfants à un âge où ils ne maîtrisent pas encore la lecture, mais il est essentiel de leur apprendre à fixer leur attention sur les sons qu’ils entendent. » La suite est venue naturellement : décrypter avec poésie, tendresse, un brin de folie et beaucoup d’imagination, les sensations et les émotions d’un doudou découvrant le monde qui l’entoure. 

Grâce à un subtil travail d’écriture enrichi des propositions sonores de musiciens de l’Orchestre National de France et de la bruiteuse Élodie Fiat, l’identité sonore du doudou s’est étoffée progressivement au fil des épisodes. Doudou découvre, expérimente et s’émancipe lors de scènes de la vie quotidienne comme le bain ou en trottinette, en jouant sur la plage. Il s’émerveille en observant des oisillons. Mais quand Doudou dit non, c’est non. Et il n’en sera pas autrement, à moins que… les gaufrettes – son péché mignon – ne s’invitent à sa table ! 

Les fabuleuses histoires du doudou de France Inter ont été créées dans le cadre des nouveaux formats d’ateliers et de spectacles musicaux jeune public proposés par les formations musicales de Radio France en partenariat avec France Inter. Durant cet atelier qui convie les enfants et leurs parents – ou enseignants lors des séances pour les scolaires –, point de décors ou de costumes, mais des lumières douces et des coussins pour s’installer confortablement. Oh surprise ! Ce n’est pas un doudou qui vient à la rencontre des enfants, mais toute une ribambelle de peluches prêtes à taquiner les nouveaux venus. Certains d’entre eux connaissent déjà le podcast sur le bout des doigts tandis que d’autres le découvrent pour la première fois. Et la rencontre est riche en émotions. 

De sa voix douce et malicieuse, Zoé Varier conte en live et sans micro quelques épisodes choisis spécialement pour la scène, tandis que deux membres de l’Orchestre National de France l’accompagnent à tour de rôle. La flûtiste Joséphine Poncelin a choisi de présenter deux instruments très différents témoignant de la diversité de la famille des vents. Avec sa flûte traversière, cet instrument incontournable de l’orchestre symphonique, elle interprète quelques grands airs du répertoire classique pour faire danser Doudou. Et elle joue aussi une flûte bulgare, plus courte et en bois, qui s’appelle la dvoyanka. Les oreilles les plus attentives s’apercevront que plusieurs notes sont produites simultanément grâce aux deux conduits de l’instrument. Un seul souffle mais une multitude possibilités ! Le premier conduit permet de créer une mélodie tandis que le second l’accompagne avec une note grave et continue appelée « bourdon ». 

Emmanuel Curt, le percussionniste de l’atelier, dispose d’un choix d’instruments très étendu qui ne manquent pas d’attirer l’attention des enfants assis en cercle autour de lui. Il explique s’être appuyé sur le thème musical principal pour inventer des variations. « C’est une mélodie facilement identifiable par les jeunes enfants donc nous partons de celle-ci. Puis nous essayons de la transposer dans plusieurs modes : mélodie seule, accompagnement seul, mélodie jouée dans un autre style. » En plus des parties musicales écrites en répétitions, le musicien aime improviser pour dialoguer de façon spontanée avec les autres interprètes. 

Quand surgissent les premiers bruitages, les yeux s’écarquillent un peu plus encore. Zoé Varier explique qu’à l’exception de certaines ambiances enregistrées en extérieur – comme celle de la gare dans un des épisodes du podcast – 99 % des sons sont inédits puisqu’ils sont fabriqués en studio par Élodie Fiat. Lors des premières séances de travail, « je leur ai présenté mon métier et je leur ai fait visiter mon placard où je stocke tout mon matériel pour leur montrer comment je pouvais travailler, confie la bruiteuse. Le bruitage c’est un pas de côté avec le son du réel. On tente de reproduire des sons, de manière plus ou moins réaliste. C’est un code qui est créé. On joue à faire des sons, à raconter des histoires. Et c’est ce pas de côté qui nous permet de produire ces histoires assez librement. On sait que c’est un peu faux, mais on veut y croire. » En studio, comme sur scène, Élodie Fiat s’entoure de nombreux objets hétéroclites qui, seuls ou associés, peuvent produire des sons insoupçonnés. Et c’est peu dire que la bruiteuse ne manque pas d’imagination et de pratique pour songer à utiliser par exemple du papier bulle et un balai pour faire du feu – sans se brûler ! – ou grogner dans un rouleau de papier absorbant pour que surgisse un tigre vraiment terrifiant. 

Un dialogue unique s’établit à chaque nouvel atelier entre les intervenants et les petits auditeurs. L’émotion surgit au détour d’une phrase ou d’un son. Les rires fusent dans la salle, et parfois aussi des exclamations de surprise. Puis, au son de la clochette, vient le temps des questions. L’occasion de rappeler que non, les castagnettes ne sont pas l’instrument emblématique de la Suède et que oui, si certains veulent rugir comme un fauve féroce, c’est très simple de trouver le bon accessoire à la maison… Au plus grand bonheur des parents, naturellement ! 

Anne-Valérie Guerber 

Les fabuleuses histoires du doudou de France Inter

Titre
Les fabuleuses histoires du doudou de France Inter

Sous-titre
par Zoé Varier 
Texte
Atelier musical avec les musiciens de l’Orchestre National de France
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