Dans l'Auditorium, en tant que chanteur, nous sommes comme enveloppés par le son. Tout comme les spectateurs, d’ailleurs. Cette salle, est une sorte d'écrin pour les formations musicales, c'est une sacrée expérience, mais même si son acoustique est très flatteuse, avec son temps de réverbération de 1,9 seconde, elle a toutefois nécessité une période d’adaptation pour nous chanteurs et musiciens. Si on se place du point du Chœur, l'expérience du concert à l’Auditorium change, sur le plan acoustique, par rapport à celle que l'on peut vivre dans un théâtre à l’italienne, par exemple le Théâtre des Champs-Élysées. De plus, notre ressenti est différent selon que nous chantions sur le plateau ou en corbeille, et bien-sûr avec ou sans orchestre. Le rendu sonore pour le public est probablement plus intéressant quand nous sommes sur le plateau, mais le travail vocal plus délicat, particulièrement dans le répertoire a cappella qui nous montre totalement à découvert. En ce sens, notre travail avec Lionel Sow s’épanouit naturellement dans l’Auditorium, lui qui insiste sur l’homogénéité, la couleur, cherche à renforcer l’écoute mutuelle, à faire résonner nos voix et les porter le plus harmonieusement possible.
L’inauguration de l’Auditorium ? Je m’en rappelle très bien ! Elle fut marquée, entre autres, par la visite du président François Hollande, à qui j’eus la chance de serrer la main dans un moment très spontané. Ce n'est pas si fréquent qu’un président vienne dans une salle classique, non ? Côté souvenirs, je pourrais vous citer une Messe en ut de Mozart avec le Philhar, dirigée par Leonardo García-Alarcón, en décembre 2023, quatre ans après sa Messe en si, à l’occasion de laquelle Alarcón avait pris la parole en public pour défendre la place de la culture et de la musique dans la société – l’intervention avait beaucoup touché les artistes du Chœur. Enfin il y eut beaucoup d’émotion en mars 2018, autour de Kaddish avec l’ONF et Yutaka Sado, à l’occasion du centenaire de Leonard Bernstein ; mais aussi autour d’une Neuvième de Beethoven portée par Marek Janowski, de retour au Philhar, d’Un Requiem allemand préparé par Josep Vila i Casañas, un chef que nous aimons beaucoup. Mais comme j’adore aussi le mélange des genres (c’est un des atouts de l’Audito), je vous citerai aussi l'opéra Amor Azul d’Aldo Brizzi et Gilberto Gil, en décembre 2022 : une soirée magique.