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Noble et Sentimental

Publié le mar 16/07/2024 - 10:15
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Manuscrit autographe du Boléro de Ravel - crédit : BnF
Manuscrit autographe du Boléro de Ravel - crédit : BnF
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Il est parmi les compositeurs que l’Orchestre National de France a sûrement le plus joués. Quoi de plus naturel, à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, de consacrer cinq concerts complets à Maurice Ravel ? L'intégrale des pièces symphoniques, sous la direction de Cristian Măcelaru.

Souffrant d’une maladie cérébrale dégénérative, Maurice Ravel entendit son tout dernier concert en novembre 1937, avec l’Orchestre National dirigé par son fondateur Désiré-Émile Inghelbrecht dans Daphnis et Chloé. À l’issue de la soirée, Ravel confia à ses amis : « J’ai encore tant de musiques dans ma tête, je n’ai encore rien dit, j’ai encore tellement à dire… ». Il mourut le mois suivant, à 62 ans. Le 4 janvier 1938, la Tour Eiffel « radiodiffusait » en direct un concert donné Salle Gaveau à Paris, de nouveau avec « l’O.N. » dirigé par « Inghel », auteur d’une Fanfare funèbre jouée en ouverture. Dédié à la mémoire de Ravel, ce concert proposait plusieurs de ses œuvres, dont le Concerto en sol par le pianiste Jean Doyen.

Pourtant, le chef d’orchestre n’avait pas toujours été tendre avec l’auteur du Boléro, qu’il surnommait ironiquement en 1917, dans une lettre à Debussy, « Radis-noir, notre maître à tous » (mauvais jeu de mots sur la « rave »). En 1926, le fervent debussyste Inghelbrecht écrivait à Jean Vuillermoz : « ce petit salaud de Maurice a dirigé un concert de ses œuvres au milieu desquelles il a glissé – charmant hommage – les deux Debussy qu’il a orchestrés »… « Pour des raisons extra-musicales, je suis avec M. Inghelbrecht en termes assez froids… » reconnaissait Ravel ; mais, beau joueur, il saluait « l’habileté et la compréhension vraiment exceptionnelles de ce jeune homme ».

Quoi qu’il en soit, la musique de Ravel fut et sera toujours au cœur du répertoire de l’Orchestre National de France, Inghelbrecht enregistrant avec sa formation Daphnis ou la Rapsodie espagnole au début des années 50. En 1975, le centenaire du compositeur fut marqué par une série de concerts du National avec le flamboyant Leonard Bernstein dirigeant de son clavier le Concerto en sol, dans lequel les musiciens de l’orchestre ont accompagné bien d’autres virtuoses, comme Jean-Philippe Collard avec Lorin Maazel, Monique Haas avec Paul Paray ou plus récemment Alexandre Tharaud avec Louis Langrée.

Et ce même Bernstein accompagnant la voix de Marylin Horne dans Shéhérazade, et Paul Kletzki accompagnant celle de Victoria de Los Ángeles dans les Mélodies hébraïques, et Ernest Bour dirigeant avec délice L’Enfant et les Sortilèges, et André Cluytens envoûtant dans les Valses nobles et sentimentales, et Georges Prêtre tourbillonnant dans La Valse, et Eliahu Inbal ciselant les motifs de Ma Mère l’Oye ou du Tombeau de Couperin, et Manuel Rosenthal cultivant le « son français » dans la musique de son maître bien aimé Maurice Ravel, notamment L’Heure espagnole en décembre 1944, et l’actuel directeur musical Cristian Măcelaru emmenant Daphnis et Chloé à Bucarest, à la suite de ses prédécesseurs Roger Désormière, Maurice Leroux, Jean Martinon, Sergiu Celibidache, Charles Dutoit, Kurt Masur, Daniele Gatti ou Emmanuel Krivine… Tout cela se passe avec le National qui, bien évidemment, rendra hommage pour la nouvelle saison à cet univers musical intemporel et éternel. Mille mercis Monsieur Ravel !

François-Xavier Szymczak 

Texte

« La musique de Ravel fut et sera toujours au cœur du répertoire de l’Orchestre National de France. »

Maurice Ravel 

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Anniversaire Ravel