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L'Orchestre National a rendez-vous avec la France
Depuis le lancement du Grand Tour, Max Dozolme accompagne les musiciens du National et le public venu les applaudir aux quatre coins de la France. Des moments aussi rares qu’intenses.
La maison est derrière, le monde est devant. Un monde qui remplit à plus de 90% chacune des salles où l’Orchestre National de France pose ses valises, lors de ce Grand Tour, la grande tournée française de la doyenne des formations de Radio France. Au Pin Galant de Mérignac, dans la Coursive de La Rochelle, dans les Maisons de la culture d’Amiens et de Grenoble, à Lyon, Aix-en-Provence, Martigues, Anglet et Bayonne, c’est toujours la même histoire. Ce sont des mélomanes ou de simples curieux qui se pressent chaque soir pour découvrir un orchestre légendaire et des œuvres qui écrivent en lettres d’or son histoire sans cesse renouvelée : Le Sacre du printemps de Stravinsky, le Prélude à l’après-midi d’un faune et La Mer de Debussy, le Boléro de Ravel, la Pavane de Fauré etc.
Les musiciens jouent mais aussi échangent avec ce public qui les écoute chaque jeudi soir sur France Musique, ou qui découvre pour la première fois le talent de la plus ancienne des formations symphoniques permanentes de France. Petits et grands ne sont pas avares de questions aux solistes et aux musiciens de l’Orchestre, qui se prêtent bénévolement au jeu des questions/réponses lors des avant-concerts, ou pendant les ateliers musicaux, très suivis par les classes des conservatoires. Je me souviens des dédicaces de Cyrille Dubois et de Sarah Nemtanu à la fin des avant-concerts, ainsi que de la surprise du public de découvrir notamment que le premier violon solo du National est aussi celle qui interprète le Concerto pour violon de Tchaïkovski dans le film Le Concert (2009) d’Aleksei Guskov. Je me souviens aussi de son alter égo musical, Luc Héry, parler au public des chefs marquants qui ont dirigé la formation. Il fallait le voir raconter avec émotion, et comme personne, l’histoire de cet orchestre qui vient de fêter ses 90 ans. Il paraît que les voyages forment la jeunesse, ceux du Grand Tour continuent de prouver que l’Orchestre National de France n’a pas pris une ride et continue de faire battre le cœur des mélomanes.
Cette année, l’histoire se répétera. L’Orchestre retournera dans des villes qu’il a connues, il y a un an, et qui l’attendent avec impatience : Dijon, Besançon, Compiègne, Châteauroux, Bourges, Chalon-sur-Saône, Grenoble, Massy. Cette petite ville mobile posera ses valises dans d’autres lieux qui méritent d’entendre, pour une fois dans leur saison culturelle, un grand orchestre symphonique. Ces nouvelles étapes ont pour nom Arras, Vichy, Arcachon et Tarbes. À coup sûr, cette tournée sera l’occasion de rencontres et de retrouvailles avec des amis et des familles qui se tiennent loin de Paris. On n’échappera pas à l’acoustique parfois difficile de certaines salles, à la taille restreinte de certaines scènes, aux caprices de la SNCF, aux remplacements au pied levé...Mais il vaudra mieux se souvenir de l’émotion palpable qui circule entre les sièges de velours, de ce public qui se lève pour applaudir longtemps un orchestre talentueux et généreux, qui n’a pas oublié ces « coins » de France qui lui donnent son nom.
Max Dozolme