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Le Lotte Center de Séoul

C’est dans la nouvelle et incroyable salle de concert du Lotte Center, à Séoul, que l’Orchestre National de France, accompagné du pianiste Alexandre Kantorow et de l’organiste Lucile Dollat, entame sa tournée d’une semaine en Corée du Sud et en Chine au printemps. Grâce au soutien de la Fondation Musique et Radio, les musiciens et le directeur musical de l’Orchestre, Cristian Măcelaru, vont découvrir cette salle unique au monde.
Avec ses 9 millions d’habitants et une densité deux fois supérieure à celle de New York, Séoul s’agrandit aussi en hauteur. Et c’est justement en face de notre salle de concert que se dresse la Lotte Word Tower, avec ses 555 mètres de hauteur, considérée comme la plus haute de Corée et la cinquième au monde. Construite en 2016 (et inaugurée par l’organiste français Jean Guillou), la salle se situe, étonnement, au sommet du Lotte World Mall, immense centre commercial de Séoul, avec hôtels et restaurants. Toutefois, l’entité musicale en est entièrement séparée, comme dans une boite, séparée de la structure externe pour éviter toute vibration extérieure, venant de la foule, du métro et de la ville. Cette isolation phonique est appelée « Box in box ». Après avoir savouré la vue incroyable sur Séoul depuis la terrasse, le public est ensuite invité à vivre une expérience musicale optimale.
Entrons dans la salle à petits pas. Conçues par les architectes du bureau new-yorkais Kohn Pedersen Fox, les courbes du Lotte Concert Hall s’alignent avec une splendide perspective. Ses sièges en velours rouge, les lumières tamisées, le bois de ses murs et sa scène modulable offrent une parfaite harmonie de couleurs et de matériaux. Au fond de la salle se tient l’orgue imposant aux couleurs argentées qui illumine la salle. Telle une œuvre d’art, l’orgue aux 68 jeux provient du facteur autrichien Rieger, tout comme ceux du Mozarteum de Salzbourg et du Musikverein de Vienne.
Une architecture sensuelle et une acoustique exigeante
Salle dite « en terrasse » ou « en vignoble », qui permet une visibilité et une écoute parfaite, quel que soit le siège sur lequel vous êtes assis, le Lotte Concert Hall a demandé un travail de premier ordre sur son acoustique. Cette recherche méticuleuse a été prise en main par l’acousticien japonais Yasuhisa Toyota de la société Nagata Acoustics. Notons que c’est ce même cabinet d’acousticiens qui a pensé l’acoustique de la Philharmonie de Paris, du Suntory Hall à Tokyo et de l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique (inauguré en 2014, il y a 10 ans) ! Avec ses 2036 sièges à 360 degrés autour de la scène, qui accueille les plus grandes formations symphoniques internationales, le Lotte Concert Hall est l’une des plus importantes salles de musique dédiées à la musique classique en Corée du Sud.
Si les formations musicales de Radio France partent régulièrement en tournée en Chine et en Corée du Sud, c’est pour satisfaire un fervent public amateur du grand répertoire. Plus de la moitié des enfants pratiquent un instrument, et de plus en plus de musiciens sud-coréens participent aux concours internationaux, depuis deux décennies, raflant la plupart des prix, à l’image des pianistes Seong-Jin Cho, Yunchan Lim ou du baryton Taehan Kim. Le public les suit avec un engouement phénoménal sur les réseaux sociaux et ne manque aucun de leur concert dans leur pays. Ainsi Séoul compte de très nombreuses salles de concerts, comme le Seoul Arts Centre, ensemble de musées, salles d'expositions, de spectacles et d’opéra créé en 1988 (qui accueille 2,5 millions de visiteurs chaque année), ou encore le très moderne LG Arts Center, à l’ouest de la ville.
Saint-Saëns au bout du monde
Camille Saint-Saëns, grand voyageur, serait heureux de voir sa musique jouée à 9000 km de Paris, sa ville natale, par l’un des orchestres de notre maison ronde. Lors de ce concert du 29 avril au Lotte Concert Hall, sa Symphonie n°3 « avec orgue » résonnera grâce aux 5000 tuyaux de l’instrument joué par Lucile Dollat. L’Orchestre National de France interprètera également son Troisième Tableau symphonique d’après « La Foi » d’Eugène Brieux (1909) et son Concerto pour piano n°5 (composé lors d’un séjour à Louxor en 1896) avec Alexandre Kantorow.
Gabrielle Oliveira Guyon