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La salle ovale de la Bibliothèque Richelieu

Publié le jeu 23/05/2024 - 16:00
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Salle Ovale, Bibliothèque Richelieu - Photo : Emilie Groleau
Salle Ovale, Bibliothèque Richelieu - Photo : Emilie Groleau
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Temple du savoir et de la recherche, la salle Richelieu, site de la BnF, à Paris, accueille, pour un rare concert, le Chœur de Radio France dans un programme contemporain conçu avec l’INA grm. 

Une architecture arrondie aux allures de cathédrale, des rayonnages sur trois niveaux qui nous saisissent de vertige… On se croirait dans la salle emblématique du British museum à Londres ou à la bibliothèque centrale de Liverpool… et pour cause ! Lorsqu’en 1897, Jean-Louis Pascal se charge de concevoir un nouvel espace ouvert à tous dans les murs de la bibliothèque nationale Richelieu à Paris, ce brillant successeur d’Henri Labrouste et Grand Prix de Rome songe immédiatement aux temples du savoir et de la culture qui rivalisent de beauté Outre-Manche. 43,70 mètres de longueur, 32,80 de largeur et 18 en hauteur – la bien-nommée « salle Ovale » doit remplacer avantageusement la salle de lecture publique de la bibliothèque, installée à l’étage de l’aile Colbert depuis 1881. Afin de faciliter son accès à des horaires les plus étendus possible, on ouvre une entrée indépendante rue Vivienne. Et le projet prévoit même l’installation d’un éclairage électrique ! 

Il faut pourtant près de 40 ans pour que les visiteurs puissent enfin profiter de cet aménagement luxueux, la crise et la guerre ayant retardé la mise en œuvre des plans. En 1936, Alfred Recoura, légataire du chantier après la disparition de Jean-Louis Pascal, présente officiellement le fruit de son travail. Le résultat est époustouflant. Seize paires de colonnes cannelées à chapiteaux ioniques soutiennent la structure autour d’un vide central d’un seul tenant. Une immense verrière ornée par un entrelacs de feuilles d’acanthe dorées laisse passer la lumière. Seize ouvertures arrondies sont mises en valeur par des mosaïques de style Art nouveau. Au-dessus de chacune, on peut lire le nom des grandes capitales qui ont marqué l’histoire et la culture : Babylone, Vienne, Thèbes, Rome, Pékin, Alexandrie, Jérusalem, Carthage… Les balustrades et le mobilier années 20 sont un rappel du style art déco, dans une esthétique du XIXe siècle. 

Dans cette période d’entre-deux guerres, la pratique de la lecture a évolué avec le déploiement de réseaux municipaux ; la salle Ovale est finalement affectée à la consultation des périodiques de la BnF par les chercheurs. En 1998, les périodiques sont transférés sur le nouveau site François-Mitterrand. Nouveau déménagement et nouvelle affectation : ce paradis des universitaires accueille désormais les références bibliographiques de la BnF et la Bibliothèque de l’Institut National de l’Histoire de l’Art, récemment créé. 

Le temps souffle sur l’œuvre de Jean-Louis Pascal et Alfred Recoura, la poussière aussi ! En 2016, le chantier de rénovation du site Richelieu comprend une restauration d’envergure sur la verrière, les décors et les dorures de la corniche. Il faut retrouver le lustre, raviver les couleurs, et raffermir le caractère de ce lieu chargé d’histoire. En 2022, le public retrouve avec émerveillement un décor éblouissant. Les grandes capitales se dressent à nouveau sous la verrière ; le jour illumine le mobilier national et les tables « Recoura », justement réintroduites. 

Chargé de programmation au service des manifestations de la direction du Développement culturel et du Musée de la BnF, François Nida se souvient de son émotion en retrouvant la salle Ovale, dans son plus brillant éclat. « 120 places assises et un espace pour la détente et la lecture permettent aujourd’hui d’accueillir tous les visiteurs, gratuitement et sans limite d’âge, conformément aux plans d’origine lors de la construction de la salle. Mais il était évident que ce joyau devait s’ouvrir très largement au public, au-delà des seuls lecteurs ». En 2016, un premier concert avait réuni Karine Deshayes et l’Ensemble Aedes pour célébrer l’acquisition de la partition des Troyens de Berlioz dans sa version pour piano et voix. La proposition a naturellement été renouvelée il y a deux ans, pour une saison de concerts variés devant un public de 240 personnes grâce à l’installation d’une estrade et de chaises, qui prennent pour l’occasion la place du mobilier dédié à l’étude. « Cette programmation permet à nos conservateurs de présenter lors de chaque soirée le manuscrit d’une des œuvres interprétées dans une acoustique ample et généreuse », souligne François Nida. On découvrira une nouvelle œuvre de Michèle Reverdy, donnée en création mondiale sur une commande de Radio France le 1er juillet. Lionel Sow dirigera le Chœur de Radio France dans ce programme enrichi par Mouyayoum d’Anders Hillborg et Les Chants de l’amour de Gérard Grisey. Une plongée à ne pas manquer dans cet écrin superbe où se rencontrent, au sommet, l’histoire des lettres et des arts. 

Aude Giger 

 

Salle ovale BNF Bibliothèque Richelieu

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1er juillet

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