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« Elle est dangereuse, cette émission ! »

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Hippolyte Pérès de France Musique

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« Elle est dangereuse, cette émission ! »
Publié le mer 26/02/2025 - 12:30
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Hippolyte Pérès - Photo : Christophe Abramowitz
Hippolyte Pérès - Photo : Christophe Abramowitz
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Il fait encore partie des nouvelles voix de France Musique et il a un défi particulier à relever : parler dans son émission « Au Cœur du Ballet » (vendredi à 12h et dimanche à 13h30) de cet art visuel qu’est la danse… à la radio ! Entre deux cours à Science Po, Hyppolite Pérès évoque son nouveau métier. 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours dansé ?  

J'ai commencé la danse classique à huit ans dans le conservatoire de ma ville, en banlieue de Lille. J’ai ensuite passé le concours de l'École de danse de l'Opéra de Paris, où je suis entré en janvier 2015. J’y suis resté quatre ans, puis j’ai dû en partir après l'examen de quatrième division.  

Parce que … ? 

Je ne dansais pas assez bien, tout simplement… mais ce n’était pas tout à fait une surprise ! J'avais été blessé cette année-là : j'avais quatorze ans, avec un corps fragile qui était forcément très sollicité. À force de sauter et de pointer les pieds, mon corps ne suivait plus. Le retour chez mes parents a été compliqué à gérer émotionnellement : passer d’un internat pour danseurs à l’Opéra de Paris à un lycée « normal », ce n’est pas rien. Mais je m’y suis fait ! 

Et vous êtes revenu bien vite à Paris pour étudier à Sciences Po. 

Exactement ! De toute façon, il fallait que je fasse quelque chose. J’ai toujours hésité entre l’histoire et le journalisme, même pendant mes études de danse : lorsque j'étais à l’École de l'Opéra, j’aimais bien interroger les élèves d’écoles invitées, pour le site de l’Opéra. Quant à la danse, après un an d’arrêt complet, je me suis de nouveau inscrit dans mon ancienne école à Lille pour continuer pour le plaisir. 

Puisqu’on parle de ballet à la radio, je suis curieux : que voyez-vous quand vous entendez de la musique de danse ? 

Cela dépend. Si c'est une variation, si c'est une musique associée à une chorégraphie dansée par une fille et que je connais bien la chorégraphie, je la vois dans ma tête. Si c'est une musique associée à une chorégraphie que j'ai dansée, j'ai envie de danser en même temps, même si je suis en voiture ou dans le train : je ressens encore le mouvement de ces chorégraphies. 

Et puis… France Musique. 

Oui ! Je savais que j'allais rentrer à Sciences Po (pour ensuite être journaliste), j'avais envie d’effectuer un stage, et j’ai pu le faire au pôle vidéo de France Musique. J’y ai fait des vidéos sur la danse pendant le mois de juillet, et c'est à ce moment que Clément Rochefort m'a proposé de faire un bout d’interview pour sa matinale du lendemain. Je suis arrivé au bon moment : avec les vidéos, l’interview et la volonté des « patrons » de programmer une émission sur la danse, j’ai rapidement reçu une proposition pour la grille de rentrée.  

Ce sont deux tensions différentes, entre la danse et le micro ? 

Oui et non. Certes, le spectacle qui commence à 19h30, c'est un peu comme quand le micro qui s'allume. Maintenant, je stresse moins pour la radio que pour la danse : pour la danse, on n’est pas totalement maître de soi-même, le corps ne va pas forcément réagir comme on veut ; alors que, dans le cadre de mon émission, tout est écrit à l'avance. A priori, il ne va rien se passer de grave. Au pire, je trébuche sur un mot… alors que dans la danse, je peux trébucher pour de vrai !  

Parler de danse à la radio. Est-ce possible ? 

Je progresse encore sur la description des ballets dont je parle. J'essaie tous les jours de trouver un langage à la fois technique, pour que cela reste une émission sérieuse, et compréhensible. J’essaie de me mettre à la place de l’auditeur… et c’est parti ! « Vous imaginez que vous êtes dans la salle, le rideau s'ouvre, c'est un décor bleuté, avec des costumes comme ci, avec un tutu en tulle comme ça », puis la danse arrive. « Elle fait une arabesque. Qu’est-ce qu’une arabesque ? Si vous êtes debout, alors vous levez derrière vous une jambe, vous mettez vos bras comme ça, etc. » Souvent, j’aime bien faire faire l'exercice aux auditeurs. 

Et comment réagissent-ils ?  

Certaines et certains se cassent la figure et m’écrivent en me disant que mon émission est très dangereuse ! J’ai une communauté d’auditeurs très agréable mais qui, pour certaines, peuvent parfois être un peu durs lorsque je vulgarise au maximum : ce n’est pas simple de doser pour être compris de tous, tout en satisfaisant les balletomanes.  

Vous sentez que vous vous êtes connecté à la communauté des balletomanes ? Ceux qui surveillent les nominations, qui savent précisément qui danse où ? 

J’admire beaucoup cette passion, et en même temps, je m’en éloigne un peu (et sans mépris aucun !). Il peut y avoir un côté « actu » confinant au « potin » qui m’intéresse un peu moins. L’objet de mon émission est de parler d’histoire (voire d’historiens) de la danse, et de donner des codes à ceux qui ne les possèdent pas. Il s’agit donc de montrer la danse comme un milieu ouvert, ce qui ne se conjugue pas toujours très bien avec la communauté de personnes très au courant des détails de la vie contemporaine de la danse en France. 

Propos recueillis par Christophe Dilys 

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Au Cœur du ballet

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Par Hippolyte Pérès
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