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De l’art de transmettre
La transmission musicale est au cœur des missions et des orchestres de Radio France. L’arrivée de l’été est l’occasion de faire entendre à tous les projets nés et mûris tout au long de la saison.
De « Viva l’Orchestra ! » et « Tous en scène », qui réuniront quelque cent vingt-cinq musiciens amateurs et soixante jeunes des orchestres à l’école sur les planches de l’auditorium, à l’Académie d’été du Philharmonique dont les quartiers s’établiront plus au sud, ouvrant les portes du nouveau festival de Radio France-Occitanie-Montpellier à une vingtaine d’étudiants, la saison s’achève sur une note résolument positive. Car la musique se vit d’autant plus intensément qu’elle se transmet à tous les étages par le biais des orchestres de la maison ronde, lesquels viendront prêter main-forte aux jeunes pousses comme aux musiciens plus expérimentés pour un plaisir démultiplié…
Du côté de l’Orchestre National de France, qui donnera le la à ces concerts d’exception, on s’apprête à rallumer les bougies. Le fringant nonagénaire n’a en effet pas attendu l’arrivée de la flamme sur notre territoire pour afficher une forme olympique, le voyant également célébrer cette année la dixième édition de « Viva l’Orchestra ! ». Fort de son succès, ce programme ambitieux compte désormais parmi les rendez-vous incontournables d’une saison musicale ouverte aux instrumentistes passionnés, que le feu sacré pousse toujours plus nombreux vers les rangs du grand orchestre d’amateurs de Radio France. De quoi satisfaire le cofondateur du projet, Marc-Olivier de Nattes, dont la mission consiste à souffler régulièrement sur les braises. Ainsi est-ce lui notamment qui, d’un solstice à l’autre, mène le jeu, moins soucieux d’accrocher une corde supplémentaire à son archet que d’offrir ce plaisir de l’orchestre par une expérience musicale doublée d’une formidable aventure humaine. Avec, en ligne de mire, les 26 mai et 21 juin prochains, où amateurs et professionnels joueront de concert sous les directions de Barbara Dragan et Cristian Măcelaru, donnant forme à un rêve que d’aucuns caressaient depuis longtemps, sans trop y croire.
Il arrive néanmoins à la réalité de nous surprendre. Pour Lucie Leguay, dont la baguette d’assistante s’exerce à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France depuis 2021, se glisser dans la peau du chef n’avait rien d’une évidence. L’étincelle est venue d’une rencontre. D’un professeur sans lequel le chemin eût été différent. « Éveiller », « transmettre », « inspirer » ne sont donc pas de vains mots. À travers cette collaboration née il y a plusieurs années déjà entre le « Philhar » et Orchestre à l’école, Lucie Leguay cherche ainsi à piquer la curiosité par l’intermédiaire d’un aller-retour fructueux mêlant le goût de l’effort à celui des autres. Et d’ajouter que, dans un monde où le besoin de culture semble grand, permettre à la jeunesse de s’élever grâce à l’exécution musicale n’a rien d’anecdotique. À l’heure de rencontrer une nouvelle équipe, l’excitation est donc tout aussi forte que la détermination à porter un projet qui ait du sens. Tisser du lien pour permettre au travail mené par les musiciens référents de l’orchestre de trouver son plein épanouissement sur scène, échanger, amener chacun le plus loin possible : voilà donc pour l’avant-programme de jeunes gens que n'effraie pas le baptême du feu aux sons de la Symphonie en ut de Bizet et des Six projections sans image de Reinhardt Wagner, dont la création s’effectuera ce 28 juin.
L’espoir, on l’imagine, est également de voir naître des vocations semblables à celles des académiciens de l’Orchestre Philharmonique, qui brûlent d’envie de découvrir les clés du métier. Une opportunité rare fondée sur la pratique et les rencontres, offrant à la jeune génération de se former et de se produire avec l’ensemble sous les directions de Mikko Franck ou Sir John Eliot Gardiner, dans des programmes variés, ouverts à la création et répartis sur différents endroits du territoire. Une autre façon, aussi, de clamer haut et fort que la musique se partage, comme de s’assurer le plus beau des voyages. Au-delà de l’âge ou du niveau d’apprentissage, les passions ne sont-elles pas toujours, comme le disait Van Gogh, les voiles de la barque ?
Fabienne Dewaele-Delalande