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Rencontre avec une productrice de France Musique

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Charlotte Landru-Chandès 

Publié le mar 09/04/2024 - 11:15
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Charlotte Landru-Chandès - Photo : Christophe Abramowitz.jpg
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« Grâce à la radio, je me suis découverte mezzo-soprano »  

Chaque samedi, entre 9h et 11h sur France Musique, la productrice nous faire revivre les meilleurs moments des concerts des saisons musicales de Radio France, dans une émission justement baptisée les Grands Concerts de la Maison de la Radio et de la Musique. 

 

Racontez-nous vos premiers pas à la radio.  

Je suis arrivée, par un stage, au département web de France Musique à l'issue de mon master de journalisme au CELSA. J’ai écrit, pendant deux mois, des articles de culture musicale, notamment les fameuses « dix petites choses » sur tel compositeur ou telle œuvre. Cela a été très formateur pour moi, parce que ça m'a permis de mieux connaître toute l'histoire de la musique. Enfin, peut-être pas toute l'histoire… mais une bonne partie !  

Preniez-vous position musicologiquement dans ces articles ?  

J’ai toujours aimé trouver des anecdotes, des petites choses que l’on ne connaît pas. En préparant ces articles, je lisais différents livres sur les œuvres et les compositeurs en question, et ma prise de position est ici : en racontant la petite histoire, on se retrouve à raconter la grande. Comme dans la vie, que ce soit à l'écrit ou à la radio, j'aime bien raconter des vies et des histoires, c'était très chouette de commencer ainsi. 

Vous saviez déjà que vous vouliez faire de l’antenne ?  

J'avais effectivement très envie d'être à l'antenne, dès mon arrivée à France Musique : au CELSA, je m’étais spécialisée dans la formation radio. Et en me faisant à l’idée que j’allais en venir au journalisme musical, j’ai énormément écouté France Culture, France Inter… et France Musique aussi. C'est à ce moment-là que je me suis familiarisée avec cette chaîne et me suis dit que mon rêve était d'avoir mon émission, de parler de musique à l'antenne.  

D’où vient cette envie d’avoir une émission ?  

L’amour de la transmission, tout d’abord. Et puis, il y a une proximité avec la voix : je pratique le chant lyrique, à côté, et quelques procédés sont communs à la radio, pour ce qui est du timbre, de l'impulsion, de l'énergie à donner, de la respiration, etc. J’ai toujours voulu établir cette connexion, sans que cela soit forcément très conscient. Encore une fois, cette notion de raconter est importante pour moi : je trouve que le média radiophonique se prête bien à cet exercice-là. Mon rapport à la musique a d’abord été instrumental (j'ai pratiqué dix ans le violoncelle, la musique de chambre et l’orchestre), et il s’est renouvelé via la littérature : au terme de mes trois années de prépa littéraire, le master de journalisme m’a permis de connecter les deux. 

Racontez-nous, techniquement, la manière dont le lien s’effectue entre la radio et le chant.  

Quand je parle au micro, je me dis, très consciemment, que la manière de respirer est très différente. Par contre, tout se joue au niveau du timbre : plusieurs remarques positives m’ont été faites sur ma voix grave, et c’est grâce à elles que j’ai pu explorer ce registre de ma voix chantée – c’est ainsi que je suis passée de soprano à mezzo, une tessiture qui me va beaucoup mieux ! Par ailleurs, je comprends mieux les enjeux des musiciens que je présente à l’antenne, leur manière d'aborder le répertoire, de choisir les œuvres en fonction des difficultés, etc. Enfin, les deux exercices me permettent de découvrir du répertoire : si je chante des lieder de Brahms ou de Wolf, je chercherai à les diffuser à l’antenne, dans des versions choisies soigneusement en fonction de l’esthétique qui me plaît. C’est ainsi qu’Anne Sofie von Otter revient souvent dans mes programmations !   

Quelle est votre philosophie, dans la présentation de concert ?  

Depuis cette année, chaque samedi, je brosse le portrait d'un interprète (chef ou instrumentiste), alors qu’auparavant je procédais par thème (la danse, un pays, etc.). J'aime me focaliser sur cette notion de portrait, entrer dans l’existence de quelqu'un pour le raconter en musique. Comme c'est le samedi matin, j'essaie de choisir des œuvres plutôt joyeuses, quelque chose d'un peu dynamique pour commencer son week-end de bonne humeur.  

Que souhaitez-vous que les auditeurs retiennent, à la fin de vos micros ?   

L’envie d’écouter l'œuvre aussitôt, c’est évident ! Par la suite, développer l’envie d'aller chercher plus loin, de découvrir le reste du catalogue par eux-mêmes.  

Ressentez-vous un stress différent à l’antenne et à la scène ?  

À l’antenne, je ne me sens pas trop stressée. Je suis derrière le micro comme je me sens à la maison. La petite nervosité qui subsiste n’est que positive et s’apparente davantage à l’adrénaline ! Sur scène, ce qui est différent, c’est d’être vue : il y a davantage de paramètres à maîtriser dans l’apparence et la présence. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me sens si bien au micro : je peux davantage me concentrer sur la voix !   

Propos recueillis par Christophe Dilys