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3 questions à Air

Publié le dim 26/05/2024 - 16:15
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Moon Safari - AIR
Moon Safari - AIR
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Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin forment le groupe Air, qui sera à Montpellier, le 13 juillet, pour rejouer son album Moon Safari, dans le cadre du Festival Radio France Occitanie Montpellier. 

Quelle a été votre enfance musicale ?  

Jean-Benoît Dunckel : J’ai été initié très tôt à la musique classique, au conservatoire, et à l’école, en horaires aménagés. J’étais proche de ma professeure de piano, qui était comme une seconde mère. J'ai eu, très tôt, des goûts prononcés pour certains compositeurs, des romantiques aux impressionnistes français. Je me souviens ne pas avoir compris les dissonances de Bartók, mais avoir été émerveillé par les harmonies de Chopin, Liszt ou Debussy. Je copiais beaucoup jusqu’à, un jour, rater ma copie. Je suis alors devenu ce qu'on appelle un artiste. Les artistes traversent l’océan à la nage – et certains mettent plus de temps que d'autres à couler. 

Nicolas Godin : Mon enfance musicale a été façonnée par la télévision, les génériques d’émissions et les jingles, qui utilisaient beaucoup de synthétiseurs analogiques. Les émissions de variétés, dans lesquelles je pouvais voir des instruments de musique et les grandes musiques de films me parlaient, avec les westerns et l’âge d’or des grands compositeurs comme John Barry, Ennio Morricone, Vladimir Cosma, Michel Colombier, François de Roubaix, etc. 

Quels liens voyez-vous entre votre musique et la musique dite « classique » ?  

J. -B. D. : Il y a la musique écrite, réfléchie, murie, et il y a celle qui jaillit spontanément. Je vois des avantages aux deux processus de composition. La spontanéité, la puissance vitale caractérisent le second, mais, parfois, je préfère écrire la musique. J'adore la musique de Iannis Xenakis (1922-2001) dans ces sons de percussions. Ses œuvres m'ont beaucoup marqué. L’écriture de la musique peut se faire également en enregistrant. On ne passe pas par le papier, mais par l'interprétation contrôlée de l'écriture mentale. Chacun sa méthode, je pense sincèrement que toutes les écoles se valent : le jazz, la musique classique, la transmission orale ou écrite, l'important étant l’émotion, toujours. 

N.G. : Pour moi, le plus grand choc fut ma première écoute de la Messe pour le temps présent (1967) de Pierre Henry. Ce fut ma première expérience d’une synthèse parfaite entre l’expérimentation électronique et la musique traditionnelle. J’ai mis du temps à m’en remettre… 

Moon Safari est un album majeur de votre carrière. C’est aussi un album de jeunesse. S’il fallait le recomposer aujourd’hui, feriez-vous des choix différents ?  

J. -B. D. : S’il fallait le recomposer aujourd’hui, je ferais différemment bien sûr. Moon Safari est un album immature, mais très émotionnel et bien produit. Il nous échappe. Il contient une partie de moi, le moi que j'étais il y a quelques années, naïf, rêveur, en quête d’amour. Il parle aux gens, c’est ainsi. Cet album ne finit jamais de dire ce qu'il a dire aux générations successives. J'ai toujours aimé jouer ces morceaux sur scène. 

N.G. : De mon côté, c’est juste après la publication de l’album que je ne me suis plus reconnu en lui. Nous avons été mis dans une case « lounge », ce qui m’a déçu. De nos jours, j’ai de nouveau une grande affection pour Moon Safari, même si, d’une certaine manière, il ne m’appartient plus. 

Propos recueillis par Gaspard Kiejman 

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